Quand Bubulle n'est plus le bienvenu
Un joli petit poisson rouge dans un bocal ? L'idée peut être tentante. Pourtant, ce poisson exotique – le plus vendu au monde – cache parfois des surprises. Il a une espérance de vie d'une trentaine d'années et peut atteindre une taille de 15 à 45 cm selon les variétés. Le traditionnel bocal sphérique est d'ailleurs déconseillé, n'étant pas adapté au bien-être de cet animal qui a besoin de beaucoup plus d'eau pour bien vivre ! Mais alors que faire si l'on se rend compte qu'on ne peut plus conserver un poisson rouge chez soi ? Le jeter dans les toilettes ? Trop cruel, il y mourra certainement. Le relâcher dans la nature pour qu'il y mène une vie paisible ? Cela part d’une bonne intention mais c’est une mauvaise idée également, interdite d’ailleurs par la loi !
Très résistant, le poisson rouge vit très bien sous nos latitudes, et est capable de survivre en hiver sous la glace. Vorace, il va décimer cependant les populations locales d'amphibiens, d'insectes et de poissons indigènes, déjà malmenées par les atteintes à l’environnement et le réchauffement climatique.
La découverte d'un étang caché
En 2022, le Bioparc de Genève – un refuge pour animaux situé à Bellevue – a transféré ses sangliers vers un centre plus spacieux situé en Suisse alémanique. Or, en adaptant l’enclos devenu disponible pour des ânes, l'équipe du Bioparc découvre un bassin en béton caché sous la boue dans laquelle aimaient s'étendre les sangliers. Une idée leur vient alors : et si on utilisait ce bassin pour accueillir les poissons rouges dont les propriétaires souhaitent se séparer ?
Crédit photo : Thimothée Brutsch
Un projet pour sensibiliser les visiteurs
Ce projet soutenu par le Fonds Electricité Vitale Vert colle parfaitement aux missions du Bioparc. Si le parc recueille surtout des animaux qui ne peuvent, pour la plupart, malheureusement pas retourner à la vie sauvage, il donne aussi une place centrale à la conservation des espèces et de leurs milieux. La sensibilisation du public à la nature est également primordiale, notamment grâce aux visites gratuites. Ainsi, bien en vue sur le bord de ce nouveau bassin, un panneau d’information est installé pour sensibiliser les visiteurs aux problèmes posés par la libération illégale des poissons rouges dans la nature.
Déménagement prévu : le bassin-refuge est aménagé avec une flore typique des zones humides de la région. Ainsi, lorsque le Bioparc déménagera dans quelques années à Thônex, sur le site de Belle-Idée, les poissons rouges seront aussi transférés dans un nouveau plan d’eau, et le bassin de Bellevue pourra accueillir des espèces sauvages et devenir un biotope précieux.
Crédit photo : Andrew Myers, Wild special
Résultats du projet
Plus d'une centaine de poissons accueillis en quatre mois.
Depuis son inauguration en avril 2023, le bassin refuge du Bioparc a bien évolué. On peut maintenant y observer une belle végétation digne d'un étang naturel, avec de magnifiques fleurs de nénuphar.
L'étang remplit parfaitement sa mission : début août 2023, il a déjà accueilli 105 poissons rouges, tous amenés par des particuliers. Ce projet répond donc à un réel besoin, car ce sont autant de poissons exotiques qui ne se retrouvent pas dans la nature ou dans les égouts.