Des aménagements en faveur de la biodiversité au barrage de Verbois

Lors des abaissements partiels du Rhône, une lagune aménagée dans la retenue d’eau du barrage de Verbois vient servir de zone refuge aux poissons et aux oiseaux. Dans le cadre de l’abaissement partiel de 2025, des opérations de dragage devraient presque quintupler le volume de cette lagune. SIG a décidé de profiter de ces travaux pour aménager de nouveaux milieux naturels, propices à la biodiversité.

De la lagune aux vasières

Tous les quatre ans, le niveau du Rhône genevois doit être partiellement abaissé afin d’évacuer les sédiments accumulés dans son lit. Pour accueillir et préserver un maximum de poissons lors de ces événements, une lagune a été creusée en 2006 en amont du barrage de Verbois, entre le haut fond existant et la rive gauche du fleuve.

À l'occasion des travaux 2025 visant à augmenter le volume de la lagune, SIG a entrepris d’aménager de nouveaux milieux naturels en faveur de la biodiversité, avec le soutien financier du Fonds Electricité Vitale Vert. Le concept est le suivant : au lieu de devoir évacuer les sédiments dragués dans la lagune, l'objectif est de les réutiliser sur place pour aménager des vasières, des roselières aquatiques et une saulaie alluviale.

Un projet innovant et complexe

Si l'idée est simple, sa réalisation constitue un véritable défi technique. Les sédiments doivent en effet être aspirés par une buse rotative, puis rejetés derrière une enceinte de bois qui vise à les maintenir en place. Dans les roselières, cette enceinte est constituée d'une rangée de pieux jointifs enfoncés verticalement dans le substrat. En dehors des périodes d’abaissement partiel du Rhône, la plupart de ces pieux se situent sous le niveau de l’eau, permettant ainsi aux poissons de circuler librement entre la roselière aquatique et la lagune. D'autres pieux dépassent de l’eau afin de retenir les branchages et troncs flottants qui risqueraient de détériorer les roseaux. Les vasières, quant à elles, sont contenues par un périmètre constitué de troncs d'arbres disposés horizontalement et fixés à des pieux enfoncés dans le substrat.

La manœuvre est particulièrement difficile, car les travaux sont réalisés sous l'eau, avec très peu de visibilité. Il est en effet impossible de réaliser ces aménagements lorsque le Rhône est abaissé, en raison du risque d'enlisement des machines de chantier dans la vase.

Un site idéal

L’exploitation du barrage de Verbois implique de régulières variations du niveau de son lac de retenue. Cela en fait un emplacement idéal pour installer des vasières. Ces dernières ont en effet besoin d'être périodiquement immergées pour être maintenues à long terme.

Ces nouveaux biotopes, rares sur le Rhône genevois, vont notamment bénéficier aux oiseaux limicoles, de petits échassiers se nourrissant d'invertébrés vivant dans la vase. Jusqu'à présent, ces oiseaux ne trouvaient des vasières à Verbois que de manière très épisodique, principalement lors des abaissements partiels du fleuve. Les nouveaux aménagements prévus constituent ainsi un excellent complément aux roselières, ainsi qu’aux plateformes destinées aux sternes (parfois appelées "hirondelles de mer") déjà en place sur le site. Cela renforcera l’intérêt de ce lieu de grande importance pour la biodiversité genevoise, où pas moins de 92 espèces d'oiseaux nicheurs et 55 espèces hivernantes ont été dénombrées.