L'intelligence vient aux balayeuses

La Ville de Genève dépense environ CHF 30 millions par an pour le nettoyage des chaussées et des places, à l'aide de balayeuses et de laveuses qui parcourent les rues en brossant le bitume, en aspirant les déchets ou en chassant la poussière dans les égouts avec des jets d'eau. Mais ce nettoyage mécanique a aussi des impacts négatifs : chaque année, les moteurs de ces engins brûlent 235'000 litres de diesel et expédient 720 tonnes de CO2 dans l'atmosphère – sans compter toute l’eau qui est giclée sur la voie publique...

Une trentaine de déchets identifiés

La société Cortexia a trouvé comment rendre les rues plus propres en dépensant moins de carburant et en roulant moins : doter une balayeuse de vision et d'intelligence. Plus exactement, la balayeuse est équipée d'une caméra, d'un GPS et d'un ordinateur utilisant un programme d'intelligence artificielle capable de reconnaître très rapidement les objets. Tandis qu’elle fait sa tournée de nettoyage ordinaire, la caméra scrute constamment la chaussée, et l'ordinateur de bord identifie en temps réel les déchets tout en notant leur position. Mégots, petits papiers, cuillères en plastique, gobelets jetables, canettes de boisson, journaux, chewing-gums... presque rien n'échappe à l'inventaire. Et le système, qui se perfectionne au fil des tournées, fait déjà la distinction entre une trentaine de déchets d'origine humaine et les feuilles des arbres ou d'autres restes végétaux.

Optimiser les tournées des balayeuses

Lorsqu’un quartier est nettoyé sur plusieurs périodes par ces balayeuses intelligentes, les spécialistes de Cortexia parviennent finalement à établir où, quand et quels déchets s'accumulent dans l'espace public. Il devient alors possible d'optimiser les sorties des balayeuses et leurs parcours en fonction d'un niveau de propreté à atteindre, et pas seulement en fonction d'un calendrier de nettoyage.

Dans ce projet soutenu par le Fonds Electricité Vitale Vert, les balayeuses intelligentes ont été lancées dans le quartier Louis-Favre : une série de 5 véhicules a mené sur l'année 5 campagnes de nettoyage de 5 semaines, afin d'analyser la variation des déchets au cours des saisons. 

Résultats

Finalement, ces millions d'informations ont permis d'affiner progressivement les tournées des balayeuses, afin de diminuer la fréquence de passage dans des portions de rue peu sales et, au contraire, d'accroître les passages dans les coins les plus souillés. Au final, le gain est important : les heures de tournée ont pu être réduites de 20%, ce qui permettra d'allouer les balayeuses à d'autres quartiers qui nécessitent davantage d'entretien. Et c'est aussi 20% de carburant économisé, 20% de CO2 émis en moins, et 20% moins d'eau giclée sur la chaussée. 

Où se situe le projet