Objectif 222 étangs sur 10 ans : les jardins privés au secours des amphibiens

Les amphibiens, tels que les grenouilles, les crapauds et les tritons, sont gravement touchés par la disparition de leur habitat. Sur les 20 espèces présentes en Suisse,14 figurent sur la liste rouge des espèces menacées de disparition ! Pour permettre aux populations d'amphibiens de se développer, l'antenne genevoise du KARCH (Centre de coordination pour l'étude et la protection des batraciens et reptiles de Suisse) propose d'aider les particuliers à créer des petits étangs dans leurs jardins.

De véritables sites de rencontre

On estime que depuis environ 150 ans en Suisse, plus de 90% des milieux humides ont disparu. Des efforts ont été faits pour la protection des plans d'eau de grandes et moyennes surfaces. Cependant, ces habitats restent trop rares et isolés les uns des autres, ce qui rend difficiles les déplacements et les rencontres des crapauds, grenouilles et autres tritons qui cherchent à se reproduire.

 

Installer des petits étangs dans les jardins privés permet de connecter les milieux aquatiques naturels souvent dispersés. Un étang artificiel, même tout petit, peut constituer un véritable îlot de biodiversité. En plus des amphibiens, de nombreuses autres espèces pourront en bénéficier, telles les libellules dont les larves sont aquatiques.
 

Crédit photo : Patrick Carvalho

222 étangs en 10 ans

Le KARCH n'en est pas à son coup d'essai. Le projet actuel est la continuité du projet « 101 étangs » (également soutenu par le Fonds Électricité Vitale Vert) qui a eu lieu entre 2016 et 2021. Aux vues de son succès, l'opération est relancée, et permettra d'installer 121 étangs supplémentaires d'ici 5 ans, soit 222 étangs au total.

 

Pour cette nouvelle édition, et afin de s'adapter à la demande, le KARCH prévoit de creuser des étangs un peu plus grands, et d'installer à leurs abords des micro-habitats de pierres et de branchages pour abriter les petits animaux. L'installation d'un étang se fait généralement en une seule journée entre septembre et décembre, c'est-à-dire hors période de reproduction. Lors du projet « 101 étangs », la moitié des points d'eau ont été colonisés par des amphibiens lors de la première année, et plus de 80% dans les trois ans. Il est donc inutile d'introduire des espèces aquatiques – c'est d'ailleurs interdit par la loi. Capturer des amphibiens ou d'autres espèces dans un site naturel pour les transplanter dans un jardin fragiliserait davantage la nature, avec le risque de propager des maladies ou des espèces indésirables.
 

Crédit photo : Emeline Chapron

Larves de moustiques : trop visibles pour survivre dans un étang

En installant un étang dans son jardin, on pourrait craindre de voir s'inviter certains indésirables, tels les moustiques. Mais, contrairement à ce que l'on pourrait penser, ces insectes suceurs de sang parviennent difficilement à survivre dans les étangs, car leurs larves, très visibles en surface, sont rapidement dévorées par des prédateurs naturels (tritons, larves de libellules, etc.). Il est toujours possible que, dans les premières semaines de la vie d'un nouvel étang, quelques larves de moustiques traînent en surface : elles sont faciles à pêcher avec une petite épuisette. On pourrait également craindre les coassements nocturnes des grenouilles. Dans la région de Genève, seul le groupe des grenouilles verdâtres (Pelophylax sp.) peut produire un chant suffisamment puissant pour être gênant. Cependant, ces espèces préfèrent les grandes étendues d'eau ensoleillées : elles évitent les petits étangs ombragés.
 

Crédit photo : Patrick Carvalho

Résultats attendus

Le projet est en cours. Plusieurs questions sont ouvertes :
 

  • Les propriétaires de jardins seront-ils à nouveau conquis par l'installation de ces mares ?
  • Ce projet permettra-t-il de voir les populations d'amphibiens augmenter dans le canton ?
  • Verra-t-on apparaitre des espèces plus rares dans certains étangs ?


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