Faire cohabiter nature et panneaux solaires sur les toits

Cela peut paraître curieux mais les panneaux solaires photovoltaïques, ceux qui produisent de l'électricité, craignent la chaleur. En théorie, plus le rayonnement solaire est fort et plus ils produisent d'électricité. Mais dans les faits, leur rendement baisse lorsqu'ils s'échauffent au-delà de leur température idéale qui oscille autour de 25°C (perte de rendement d'environ 0,5% par degré supplémentaire). Plusieurs études indiquent que des panneaux solaires posés sur un toit plat végétalisé voient leur performance augmenter.

Etat d'avancement du projet

Une association vertueuse

La végétation jouerait ainsi un rôle pour abaisser la température sous les panneaux, notamment par sa capacité à transpirer. C'est une bonne nouvelle car le canton de Genève encourage les toitures tapissées de plantes indigènes, qui peuvent constituer des refuges importants pour la biodiversité. Des inventaires réalisés sur des toitures végétalisées existantes ont montré qu'on peut y rencontrer de riches associations de végétaux et d'invertébrés adaptés aux conditions arides, des milieux naturels devenus rares dans le canton. Sur ces toits, les oiseaux trouvent aussi une nourriture bienvenue et la tranquillité.

Trouver la bonne recette "nature et production d'électricité solaire"

Avec ce projet, les chercheurs sont en train d’identifier les paramètres qui permettent d'associer au mieux nos besoins d’électricité renouvelable et ceux de la nature en ville. Ils ont disposé 84 panneaux solaires (134 m2 au total) sur quatre parcelles expérimentales situées au centre de formation professionnelle de Lullier. Les panneaux sont placés selon plusieurs orientations et différents espacements pour offrir une variété d'ombrage qui permet d'étudier comment la flore et la microfaune s'y adaptent. Et il y a bien sûr des panneaux solaires de contrôle, qui sont installés sur une surface dénuée de végétation.

Pour comprendre la variété des paramètres en jeu, il faut savoir que certains panneaux solaires sont semi-transparents et laissent passer davantage de lumière que les modèles opaques. De plus, l’orientation des panneaux et leur inclinaison face au soleil jouent un rôle sur leur production d'électricité. Du côté des plantes, c'est le type de substrat, son épaisseur et sa richesse en matière organique qui font la différence. Sans oublier les rôles du mélange de graines à semer, de la période du semis et de la fréquence des entretiens, qui déterminent finalement l'équilibre des différents végétaux qui vont peupler le toit.

Résultats attendus

Démarré en 2020, ce projet soutenu par le Fonds Electricité Vitale Vert est à mi-parcours. Il s'agit non seulement de mesurer en continu la production électrique des panneaux solaires, mais aussi de suivre en parallèle le développement et la richesse de la flore et de certains insectes. Voilà pourquoi deux inventaires floristique et faunistique sont menés chaque année. 

Les chercheurs ont déjà constaté que certains végétaux profitent de la protection que leur offrent les panneaux, surtout en entre-saisons. Par exemple, les coquelicots qui poussent sous les panneaux sont plus grands que ceux qui ont la tête au soleil. C'est apparemment la protection contre le froid du ciel nocturne qui leur donne un tel élan. Il s'avère aussi qu'un minimum de 30 cm d'espace sous le panneau est nécessaire à cette bonne croissance.
 
Dans les zones urbaines du canton de Genève, on estime que 20% des espaces encore libres se situent sur les toits plats qui sont généralement recouverts d'une couche de seulement 4 cm de gravier. Cependant, tous les toits ne peuvent pas supporter le poids des 15-20 cm d'épaisseur de substrat nécessaire à faire croître les plantes d'une toiture végétalisée. Le projet cherche donc aussi à déterminer si, grâce aux panneaux solaires dont l'ombrage réduit le besoin en eau des plantes, seulement 8 cm de substrat suffiraient…

Où se situe le projet