La pollution plastique du Léman à l'étude

Avec son projet Pla'stock, l'Association pour la sauvegarde du Léman (ASL) a fait le bilan des déchets plastiques retrouvés sur 25 plages situées tout autour du lac. Dans la catégorie "macroplastiques", les fragments issus des emballages de bonbons et de snacks figurent en première place. Mais il y a des surprises aux places suivantes...

Etat d'avancement du projet

Le plastique dans le Léman

On estime que 50 tonnes de plastiques finissent chaque année dans le lac Léman et sur ses rives, que ce soit des déchets visibles (bouteilles, emballages, matériaux de construction, etc.) ou des particules invisibles (poussières de pneus, etc.). Avec le temps, les "gros" déchets se fragmentent sous l'effet du soleil et du brassage des vagues, jusqu’à ce qu’ils soient suffisamment petits pour entrer dans la chaîne alimentaire suite à leur ingestion par des organismes aquatiques.

Une app de science participative

Pour comprendre la provenance de ces plastiques, l'Association pour la sauvegarde du Léman (ASL) a développé une application de science participative baptisée Net'léman. Chacun peut la télécharger et contribuer à débarrasser les déchets de sa plage préférée. 
Grâce à cette application, une centaine de volontaires a scruté 25 plages lémaniques sur une année, faisant 4 passages aux 4 saisons, pour récolter les macroplastiques présents. 

Les débris retrouvés sont pour la plupart issus de la fragmentation de déchets plus grands. La moitié des fragments a pu être identifiée et un hit-parade des macroplastiques a ainsi été établi.

Crédit photo : Association pour la Sauvegarde du Léman

N°1 Emballages-films

Environ 25% des fragments identifiés sont issus des emballages-films (paquets de chips, emballages de bonbons, de barres chocolatées, etc.). Ils sont issus du littering, autrement dit de la fâcheuse habitude consistant à jeter à terre de petits déchets.

N°2 Granulés de plastique industriels

Environ 15% des fragments identifiés sont – c'est une surprise – de petites billes de plastique grandes comme des grains de poivre. Il s'agit de granulés utilisés comme matière première par l'industrie pour fondre toutes sortes d'objets et de matériaux. Etant donné que ces granulés roulent comme des billes, ils peuvent se retrouver dans la nature lors des phases de transports ou de manipulations, la pluie les emmenant ensuite jusqu'au lac.

Crédit photo : Communication in Science

N°3 Coton-tige

Environ 8% des fragments sont issus des bâtons de coton-tige. Ces objets jetables n'ont pour la plupart pas été abandonnés dans le lac, mais proviennent vraisemblablement des WC : s'ils n'ont pas été retenus par une station d'épuration, c'est sans doute qu'ils sont passés directement par le déversoir d'orage permettant de soulager la station lorsqu’il y a trop d’eau dans les égouts.

N°4 Fibres plastique de renforcement du béton

En quatrième position – autre surprise – figurent des fibres de quelques centimètres. Après enquête, il s'agit de fibres qui servent à renforcer le béton. L'ASL a pris contact avec les autorités en vue d'informer les chantiers concernés et de modifier les pratiques de travail pour éviter ces déchets.

Crédit photo : Communication in Science

Cigarettes électroniques jetables

Parmi les déchets repérés, il y a malheureusement un nouveau venu : la cigarette électronique jetable ! Ce déchet n’est pas composé que de plastique, mais aussi d'électronique et d’une batterie. Pour ces raisons, ce "mégot électronique" ne devrait d'ailleurs même pas aller à la poubelle, mais être rendu à un vendeur ou confié à une déchèterie.

Crédit photo : Communication in Science

La plage la plus polluée par les plastiques se trouve... dans une réserve naturelle

L'équipe de l'ASL a aussi établi un classement des plages les plus polluées par le plastique. En tête de liste figure la plage de l'Empereur, dans la réserve naturelle des Grangettes (VD). Si cette plage reçoit autant de plastique, ce n'est pas seulement parce qu'elle est très fréquentée par le public, mais aussi parce qu'elle se situe aux embouchures du Rhône et du Grand Canal, qui amènent jusqu’au lac des déchets de la vallée du Rhône. De plus, elle a tendance à centraliser plusieurs courants lacustres qui y déposent des déchets flottants.

Microplastiques

Le projet Pla'stock a enfin étudié les microplastiques (taille entre 0,001 et 5 mm), plus difficiles à repérer ou qui ne se voient pas à l'œil nu. 235 échantillons de sable et de gravier ont été récoltés sur les plages et analysés avec la collaboration de l'Université de Genève. Pour davantage d'informations sur l’ensemble des résultats de ce projet soutenu par le Fonds Electricité Vitale Vert, rendez-vous dans le bulletin trimestriel Lémaniques de l'ASL : https://asleman.org/trimestriel-asl/.

Crédit photo : Communication in Science

Où se situe le projet