Les bouvières de la Touvière

Fortement menacée en Suisse et devenue rare dans la région de Genève, la bouvière, petit poisson d’une demi-douzaine de centimètres, broute les plantes aquatiques dans les eaux calmes. On en trouve par exemple dans les étangs de la Touvière (commune d’Avully), un chapelet de plans d’eau qui s’étend sur environ 400 mètres, le long de la rive gauche du Rhône, en aval du Pont de la Plaine.

La bouvière menacée

Le premier étang, le plus en amont, est déconnecté du Rhône et des autres étangs. Il est le seul qui soit ouvert aux pêcheurs et aux pêcheuses. Les autres sont connectés entre eux et au Rhône (on les appelle des lônes). Avec le réchauffement climatique, tous souffrent des canicules estivales qui évaporent l’eau et amènent sa température à des degrés trop élevés pour beaucoup d’organismes aquatiques. De plus, tous les 3 ans environ, les lônes sont asséchées en grande partie par l’abaissement partiel des eaux du Rhône, une opération nécessaire pour évacuer les sédiments de l’Arve qui s’accumulent dangereusement dans la retenue de Verbois.

 

Ce projet a profité de l’abaissement partiel de 2021 pour améliorer durablement la situation. L’idée était d’approfondir la lône la plus en aval, afin qu’elle puisse conserver suffisamment d’eau en tout temps, et assurer ainsi la survie des poissons en attendant que le niveau du Rhône remonte…

Mode opératoire

Les poissons et les batraciens ont d’abord été capturés pour être mis temporairement à l’abri des travaux dans un bassin artificiel. Puis une profonde tranchée d’environ 70 mètres de long a été creusée pour conserver assez d’eau lors des abaissements du Rhône et de mieux connecter le fond de la lône à la nappe phréatique.

 

Les matériaux excavés (pierres, graviers et sable) ont été déposés sur la rive du fleuve et ont servi à rendre la zone encore plus favorable à la biodiversité: des souches d’arbre et des gros cailloux ont été disposés à différentes profondeurs dans l’étang, afin de créer des abris et des zones d’ombre pour les poissons. Finalement, les berges seront réaménagées et replantées pour favoriser une flore et une faune variées, dont le sonneur à ventre jaune, un joli petit crapaud qui se fait très rare, lui aussi.

Résultats

En se baladant sur le site, on ne peut pas imaginer qu'il y a une année à peine s'y tenait un chantier intensif. La prairie a repris vie. Les berges, refaçonnées en pente douce, ont retrouvé une végétation pionnière qui enrichit la variété botanique du site. Les poissons et les grandes moules d’eau douce (Anodontes), qui avaient été pêchés et mis en bassin ont été libérés dans leur nouvel environnement. Grâce à ces nouvelles fosses, ils pourront profiter d'eaux plus fraîches en cas de canicule, car l’eau du fond des fosses est directement connectée à la nappe du fleuve. Lors du prochain abaissement partiel du Rhône, les animaux des lônes pourront se réfugier dans la fosse de l'étang sud. Ceux qui ne peuvent pas se déplacer – ou qui auront été piégés par le manque d’eau dans les parties moins profondes – seront pêchés et placés dans la fosse sud ou dans les étangs du Moulin de vert. À l’avenir, les étangs de la Touvière, avec leur flore et leur faune, seront régulièrement surveillés, notamment dans le but d’arracher les plantes exotiques envahissantes qui pourraient s’installer.

Où se situe le projet