Depuis quelques années, les pompes à chaleur extérieures ont fait leur apparition dans les quartiers de villas. Ces gros caissons reliés à la maison par des tuyaux enterrés remplacent souvent une ancienne chaudière à mazout ou au gaz et émettent du bruit en soufflant de l’air froid.
Ce type de pompe à chaleur récupère la chaleur dans l’air ambiant (aérothermie), et ce même au cœur de l’hiver. Il aspire par exemple de l’air à 4°C, lui soutire ses calories, et rejette de l’air à 0°C, d’où le courant froid et le bruit. Cette « nuisance » est le prix à payer pour parvenir à chauffer un bâtiment avec trois fois moins d’électricité que si on avait installé des radiateurs électriques.
Installée à côté d’une maison qui a bénéficié d’une rénovation énergétique, et alimentée avec de l’électricité renouvelable, la pompe à chaleur extérieure est un dispositif très important de la transition énergétique.
Quand la pompe brasse de l’air
Le bruit d’une pompe à chaleur aérothermique est surtout produit par son ou ses ventilateur(s). Plus la pompe doit récupérer de la chaleur pour chauffer le bâtiment et son eau chaude, plus elle doit brasser de l’air, et plus le bruit est important. Les constructeurs ont fait beaucoup de progrès pour limiter les nuisances sonores au niveau des parties mécaniques et des vibrations mais le bruit des pales des ventilateurs restera toujours audible.
Il y a bien sûr des normes pour éviter d’importuner le voisinage : avant la pose, l’installateur doit remplir un formulaire et procéder à un diagnostic-bruit théorique selon l’Ordonnance sur la protection contre le bruit (OPB). Mais dans la pratique, une fois la pompe installée, il arrive que les voisins se plaignent…
Passer de la théorie à la (presque) réalité
Pour prévenir les conflits de voisinage et faciliter le remplacement des chaudières à énergie fossile, l’équipe d’ingénieurs de ce projet soutenu par le Fonds Vitale Vert a eu l’idée de développer un simulateur de bruit de pompe à chaleur extérieure. Imaginez une grande boîte similaire à un amplificateur de guitare, munie de deux haut-parleurs, que l’on pose dans le jardin et que l’on peut faire ronronner avec des caractéristiques sonores identiques à celle d’une pompe à chaleur. La direction des émissions sonores et la puissance sont variables. Et une batterie permet au simulateur de fonctionner automatiquement pendant plusieurs jours, en imitant le régime marche-arrêt d'une vraie pompe à chaleur extérieure.
L’objectif est de collaborer avec le voisinage en amont de l’installation définitive, au lieu d’entrer en conflit après coup. A l’écoute des voisins, l’installateur pourra ainsi définir le meilleur emplacement possible pour la pompe, et prévoir de poser des panneaux antibruit si nécessaire.
(Crédit photo : Swann Coulon)
Résultats attendus
Un premier prototype de simulateur de bruit a été conçu en collaboration avec l’HEPIA (Haute école du paysage, d’ingénierie et d’architecture de Genève) qui dispose d’un laboratoire d’acoustique. Il a déjà été testé en situation réelle et il est maintenant en cours d’optimisation. Il s’agit notamment d’améliorer son autonomie et son ergonomie : pour que ce simulateur devienne un outil pratique pour les installateurs de chauffage, il est très important qu'il soit facile à paramétrer, afin de lui donner toutes les caractéristiques sonores de la pompe à chaleur qu'on prévoit d'installer.
- Le simulateur de bruit de pompe à chaleur saura-t-il séduire les installateurs ?
- Permettra-t-il de mieux dialoguer avec le voisinage ?
- Trouvera-t-il sa place dans la rénovation énergétique des bâtiments ?
Promis, on vous tient au courant dès qu'on a des nouvelles.